Les faits méconnus et fascinants sur le tableau Le Cri d’Edvard Munch
Le tableau Le Cri d’Edvard Munch est bien plus qu’une simple représentation de l’angoisse. Derrière cette icône de l’art expressionniste se cachent des secrets troublants, des interprétations inattendues et des anecdotes historiques qui en font l’une des œuvres les plus énigmatiques de l’histoire de l’art. Saviez-vous que le personnage central ne crie pas réellement ? Ou qu’une inscription cachée a été découverte plus d’un siècle après sa création ? Plongée dans les mystères de ce chef-d’œuvre universel.
Le personnage ne crie pas, il entend un cri
Contrairement à ce que son titre suggère, le tableau Le Cri d’Edvard Munch ne montre pas un homme hurlant, mais un individu se bouchant les oreilles pour se protéger d’un “cri infini traversant la nature”, comme l’a décrit Munch dans son journal. Cette révélation change radicalement la lecture de l’œuvre : ce n’est pas la figure qui exprime la terreur, mais son environnement.
Cette interprétation ouvre des perspectives sur la peur existentielle et la déshumanisation face à un monde en mutation. Le ciel rougeoyant, souvent associé à l’éruption du Krakatoa en 1883, symbolise une nature hostile, tandis que la silhouette déformée incarne la vulnérabilité humaine.
Une inspiration venue d’une momie péruvienne ?
La posture du personnage, avec ses mains plaquées sur son visage, rappelle étrangement une momie chachapoyas exposée à Paris à la fin du XIXe siècle. Munch, qui voyageait fréquemment en Europe, aurait pu la voir et s’en inspirer. Cette théorie renforce l’idée d’une angoisse universelle, transcendant les époques et les cultures.
La silhouette androgyne, dépourvue de caractéristiques genrées précises, renforce son universalité. Les historiens d’art y voient souvent une préfiguration des questionnements sur l’identité humaine. Cette ambiguité volontaire participe au mystère intemporel de l’œuvre.
Les cinq versions du chef-d’œuvre
Entre 1893 et 1917, Munch a produit cinq versions du tableau Le Cri, chacune avec des nuances techniques et émotionnelles :
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Deux peintures (tempera et huile)
La version à la tempera de 1893 est la plus célèbre, avec ses couleurs plus mates et son trait plus brut. L’huile sur carton de 1910 montre quant à elle une technique plus lisse, trahissant l’évolution stylistique de Munch. -
Un pastel (version la plus colorée)
Réalisé en 1895, ce pastel se distingue par ses teintes vibrantes et son fond plus travaillé. Il a établi un record en 2012 en devenant l’œuvre la plus chère vendue aux enchères (120 millions de dollars). -
Un dessin au crayon (esquisse préparatoire)
Cette version minimaliste, datant probablement de 1892, révèle le processus créatif de Munch. Les traits nerveux préfigurent déjà la tension expressive du tableau final. -
Une lithographie (pour une diffusion plus large)
Créée en 1895, cette version monochrome a permis une large circulation de l’image. Munch y a ajouté une inscription manuscrite, renforçant le caractère personnel de l’œuvre.
Ces variations révèlent l’obsession de l’artiste pour ce thème, explorant différentes techniques pour capturer l’essence de la terreur métaphysique.
L’inscription cachée : “Ne peut avoir été peint que par un fou !”
En 2021, une analyse infrarouge a mis au jour une phrase gravée dans une des versions : “Kan kun være malet af en gal Mand!” (“Ne peut avoir été peint que par un fou !”). Certains y voient une autocritique de Munch, alors en proie à des troubles psychologiques, tandis que d’autres y lisent une réponse sarcastique aux critiques de l’époque qui qualifiaient son art de “dégénéré”.
La multiplicité des versions témoigne de la quête obsessionnelle de Munch pour capter l’essence de l’angoisse. Chaque technique employée apporte une dimension sensorielle différente à l’expérience visuelle. Cette variété permet aujourd’hui d’étudier l’évolution de sa maîtrise artistique.
L’influence du Krakatoa sur le ciel rouge sang
L’une des théories les plus fascinantes lie le tableau Le Cri à l’éruption du volcan Krakatoa en 1883. Les cendres projetées dans l’atmosphère ont créé des ciels rougeoyants visibles en Europe pendant des années. Munch, témoin de ces paysages apocalyptiques en Norvège, aurait transposé cette atmosphère oppressante dans son œuvre.
Un symbole intemporel de l’angoisse moderne
Au-delà de son contexte historique, Le Cri résonne encore aujourd’hui comme une métaphore de l’anxiété contemporaine. Utilisé dans des films (Scream), des mèmes ou des références pop, il reste une icône de la détresse humaine face aux crises sanitaires, écologiques et sociales du XXIe siècle.
Les scientifiques ont confirmé que les couchers de soleil exceptionnels de 1883-1884 furent effectivement visibles en Norvège. Munch transforme ce phénomène naturel en métaphore de la vulnérabilité humaine. Le choix chromatique crée une tension visuelle qui amplifie l’émotion ressentie.
FAQ : questions-réponses sur Le Cri d’Edvard Munch
Pourquoi le tableau a-t-il été volé deux fois ?
En 1994 et 2004, des voleurs ont dérobé deux versions du tableau Le Cri, attirés par sa notoriété et sa valeur (estimée à plus de 100 millions d’euros).
Le premier vol a duré 3 mois avant la récupération de l’œuvre, tandis que le second a nécessité 2 ans d’enquête. Ces événements ont conduit à un renforcement des mesures de sécurité dans les musées norvégiens. Ces épisodes rocambolesques ont contribué à la légende entourant l’œuvre. Ils soulignent aussi la valeur symbolique que la société accorde à ce chef-d’œuvre. Les dispositifs de sécurité actuels en font désormais l’une des œuvres les plus protégées au monde.
Existe-t-il un lien entre Munch et Van Gogh ?
Oui ! Les deux artistes partagent une approche tourmentée de la couleur et de l’émotion.
Bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés, leurs œuvres présentent des similitudes dans l’usage expressif de la couleur et la représentation de la souffrance psychologique, faisant d’eux des précurseurs de l’expressionnisme. Leur correspondance posthume à travers l’histoire de l’art montre deux visions complémentaires de la souffrance. Van Gogh explore la nature quand Munch sonde les profondeurs de l’âme. Leur dialogue imaginaire influence encore les artistes contemporains.
Où peut-on voir Le Cri aujourd’hui ?
Les versions principales sont exposées au musée Munch d’Oslo et à la Galerie nationale de Norvège, mais des pastels et lithographies circulent dans des collections privées.
La version de 1893 est devenue pièce maîtresse du nouveau musée Munch inauguré en 2021, tandis que celle de 1910 reste un joyau de la Galerie nationale. Les conservateurs alternent parfois leur présentation pour préserver les pigments sensibles. Cette rotation permet aussi de renouveler l’expérience des visiteurs. Les différences entre versions deviennent alors un sujet d’étude fascinant pour les amateurs d’art.